Cela
fait bien longtemps que la traversée de l'Erdre dans Nantes
est jugée dangeureuse pour l'hygiène publique.
<<boueuse,
stagnante, épaisse, mal-saine la rivière de l'Erdre
est paresseuse >> écrit Dubuisson-Aubenay en 1636 dans
ses Itinéraires de Bretagne.
En
1724, des actes de mairie sur les encombrements de l'Erdre se font
plus précis et dénoncent la malpropreté des
cales, rues et venelles de tout quartier, encombrées d'immondices
que la pluie entraine à la rivière.
En
1859, c'est toujours le même son de cloche. Une commission
est chargée de se prononcer sur un projet d'assainissement
et d'agrandissement de la ville de Nantes et la rectification du
chemin de fer d'Orléans au moyen de la dérivation
du canal de l'Erdre et de la suppression du bras Brancas.
Rapport
de la commission
"L'infection
des eaux de l'Erdre dans la traversée de Nantes a éveillé
depuis quelques années les préoccupations de l'opinion
publique. En présence des condiftion de force majeur inhérentes
d'une part au développement de la population et de l'industrie,
et d'autre part, à la communication directe de l'Erdre avec
les égouts chargés de matières fécales,
de résidus de tanneries, de liquides ammonaciaux et goudronneux,
d'eaux menagères etc...on peut dire que ce cours d'eau constitue
pendant les périodes de sécheresse et de chaleur un
véritable cloaque, en réalité un prolongement
des conduites de latrines de tout un quartier populeux."
Ainsi
le projet du détournement de l'Erdre est beaucoup plus ancien que celui des
comblements de la Loire. Peu satisfaisant, le projet de 1866 n'est
pas retenu, mais d'autres études son faites:
en
1894 par l'adjoint au maire,
en
1914 par le service maritime
toutes
motivées par un souci de salubrité publique
En
1934, on hésite encore à combler l'Erdre. Les vedettes
et les bateaux de plaisance utilisent son cours plutôt que
le tunel, et le remblaiement des bras de la Loire absorbe de grosse
quantité de sable. Puis naissent divers projets:
Créer
une gare routière en surface,
aménagée
une chaussée souterraine.
A
propos de ce quartier, le conseil municipal souligne encore en 1935
<<son aspect peu popre à susciter le tourisme avec
la stagnation d'eau aujourd'hui sans débit, surchargée
de détritus, et le mauvais entretien d'ouvrages condamnés
à disparaître>>.
Inquiète
devant la pollution constante de la rivière, la ville décide
finalement son comblement le 15 novembre 1937.
Le
comblement commence en mars 1938. En octobre 1940, la Ville et les
Ponts et Chaussées s'accordent sur la démolition des
ponts de l'Erdre, tandis, que les chomeurs sont employés
sur les chantiers de terrassement. Les travaux se poursuivent tout
au long des années 1941 et 1942.
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